Erri De Luca, 64 ans, est l’un des écrivains italiens les plus lus dans le monde. Auteur de plus de 60 romans, nouvelles, essais, recueils de poèmes, il a reçu le prix Femina étranger (2002), le Prix européen de littérature (2013) et le prix Ulysse pour l’ensemble de son œuvre (2013).
Il soutient depuis huit ans le combat des « No TAV » (No al Treno ad Alta Velocità) — la liaison ferroviaire TGV entre Lyon et Turin. En septembre 2013, interviewé par le Huffington Post italien, il a déclaré notamment : « La TAV doit être sabotée. Voilà pourquoi les cisailles étaient utiles : elles servent à couper les grillages (…) elles sont nécessaires pour faire comprendre que la TAV est une entreprise nuisible et inutile.» L’entreprise Lyon Turin Ferroviaire (LTF), filiale de Réseau Ferré de France et de Rete Ferroviaria Italiana, a porté plainte. En février 2014, Erri De Luca a été mis en examen pour incitation au sabotage. Il raconte cette mise en examen dans La Parole contraire, publiée aux éditions Gallimard. La première audience de son procès s’est tenue le 28 janvier 2015 à Turin. Le verdict sera rendu le 19 octobre. Le procureur italien a requis 8 mois de prison ferme et l’écrivain a déjà affirmé qu’étant peu enclin a répété deux fois les mêmes choses il ne ferait pas appel. En Italie, un vaste mouvement s’est mobilisé autour du mot d’ordre « Iostoconerri » (« Jesuisavecerri ») pour défendre son droit à la liberté d’expression.