Contre la COP 21 : blocage des convois éoliens de l’Escandorgue

À l’ouest de l’A75, dans l’Hérault, au niveau du pas de l’Escalette et de Lodève, le massif de l’Escandorgue sauvage et boisé s’étire sur 30 km. Accroché au nord sur le causse du Larzac, c’est une longue épaule volcanique reposant sur un plateau calcaire, une curiosité géologique autant qu’un véritable plaisir des yeux. C’est le royaume des grands espaces, des vues imprenables et de l’aigle royal. C’est également un espace venteux, et peu peuplé. La cible privilégiée des promoteurs éoliens qui ont décidé d’en faire leur nouveau Lévézou avec presque une centaine de projets d’aérogénérateurs en cours. Le refus des habitants ne date pas d’hier, des manifestations du collectif 34 avaient déjà eu lieu lors des chantiers de déforestation : http://stopeoliennes.over-blog.com/2014/01/blocage-d-un-chantier-et-ouverture-d-une-zad-sur-l-escandorgues.html

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Jeudi 26 novembre, un pique-nique était prévu par ce même collectif à proximité de Roqueredonde, pour se rendre compte de l’avancée des projets de « Mas de Nai » (10 éoliennes) et de celui, voisin, de « Combe Caude » (7 de plus) tous deux portés par EDF Énergies Nouvelles au nord du col de l’Homme Mort. À 9 heures, alors que nous nous rassemblions au lieu-dit « le gué » sur le GR71, nous sommes intrigués par la présence d’un maçon du coin qui attend avec son gilet fluorescent en bord de route. Il est à lui seul tout un symbole de l’emploi et de l’activité qu’on promet aux autochtones au pied des centrales éoliennes. Sa mission vaut qu’on s’y attarde : pour acheminer les immenses pièces de leurs machines infernales, les promoteurs utilisent des camions qui forment des convois exceptionnels depuis Valence en Espagne. À leur arrivée sur l’Escandorgue, pour monter jusqu’au site d’implantation proprement dit, ils doivent traverser le Tirronnan, un paisible affluent de l’Orb. Notre maçon est là ce matin pour laver à grande eau les roues de ces camions qui ont parcouru des centaines de kilomètres avant qu’elles ne traversent le gué. Peu importe les hectolitres de gasoil gaspillés pour ces trajets, peu importe qu’ils viennent déverser des milliers de tonnes de béton, d’acier, et de lanthanides sur nos montagnes, peu importe que l’eau de rinçage du karcher ruisselle immédiatement dans le Tirronnan, car toute l’écologie de cette industrie n’est qu’une question d’apparence. Et cette mesurette dépourvue de toute efficience est typique de ces tours de passe-passe qui rendent un projet « éco-responsable ». Cet enfumage dont les promoteurs et leurs complices des parcs naturels remplissent leurs plaquettes en papier glacé. C’est aussi un symbole de la création d’emploi que peine à vanter cette industrie : quelques heures de karcher pour 25 ans d’exploitation, les autochtones n’en demandaient pas tant.

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Nous en étions là de nos réflexions sur la relance de l’emploi dans la commune de Roqueredonde quand deux camions transportant des morceaux de mâts d’aérogénérateurs arrivent sur la route départementale. En nous voyant sur la chaussée ils stoppent. Ce n’est pas de chance, nos voitures sont garées sur leur « aire de retournement » qui leur permet de faire demi-tour et d’aborder le virage en épingle pour s’engager sur le chemin et traverser le gué. Il faut dire qu’assurés de la supériorité de leur industrie sur tout autre forme d’usage de ce territoire, nos charmants promoteurs n’ont même pas cru bon de signaler par un panneau qu’ils utilisaient ce parking pour faire tourner leurs camions. En ont-ils même le droit ? Nul ne le sait.

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Nous construisons une barricade sur le chemin, derrière laquelle nous nous réchauffons auprès d’un gros feu de camp. D’abord décontenancés, les chauffeurs espagnols finissent par comprendre la situation, car chez eux aussi l’éolien fait des ravages. Ils éteignent les moteurs tandis que quelques inscriptions sur les pièces des infâmes ventilateurs marquent notre colère. Puis la situation se stabilise, et le blocage s’installe dans la durée. On mange, on discute, on chante jusqu’en milieu d’après-midi, les quelques gendarmes dépêchés sur place sont circonspects et n’ont que « l’état d’urgence » à la bouche.

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Vers 16 heures, un arrivage massif d’une cinquantaine de leurs collègues nous fait comprendre que le temps de l’évacuation est venu. De manière un peu musclée, chacun est éjecté du site. Et trois personnes – dont une femme enceinte – sont auditionnées à la gendarmerie du Caylar. Ils ressortiront quelques heures plus tard. Nous vous tiendrons informés des éventuelles suites juridiques de la journée.

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Après des années de batailles juridiques et administratives, après avoir subi le mépris de ces grandes firmes et des pouvoirs publics, il ne reste plus d’autres solutions aux habitants que de venir bloquer physiquement les travaux sur le terrain. Ce jeudi nous les avons bloqués pendant toute une journée à quelques dizaines, ce qui démontre qu’il est donc possible de les harceler sur tous les parcs en construction et d’endiguer leur colonisation.

Pas res nos arresta !

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