Les 4 inculpé.e.s, interpellé.e.s lors de la manifestation du 12 octobre, se sont présenté.e.s au tribunal de Rodez à l’audience de 14 h avec l’avocat maître Gallon. La séance s’est déroulée dans une ambiance austère puisqu’elle s’est faite à huis clos comme l’urgence sanitaire l’imposait. À l’extérieur heureusement les soutiens étaient nombreux malgré les hésitations du calendrier évoqués dans le message précédent. Soutiens des militant.e.s de l’Amassada, de ses ami.e.s, d’autres collectifs comme TNE et des agriculteurs (Confédération Paysanne) dont les terres sont spoliées. Nombreux aussi les gendarmes harnachés, limitant l’accès à la place devant le tribunal, des fois que ces dangereux terroristes veuillent s’en emparer. Quelques banderoles sont accrochées aux grilles et les chants rappellent jusqu’à l’intérieur de la salle d’audience que les 4 cueilli.e.s au hasard ne sont pas seul.e.s.
En effet, à l’intérieur, le tribunal doit entendre que ce qui est à juger n’est pas le fait d’individus isolés. La plainte légitime n’est pas celle de quelques gendarmes missionnés pour défendre une industrie mortifère, mais celle des multitudes qui se lèvent aujourd’hui contre la mise à sac du monde. À l’intérieur sera rappelé que Le Monde (journal subversif) du 21 février 2020, publiait une tribune de 1000 scientifiques intitulée « Face à la crise écologique, la rébellion est nécessaire ». À l’intérieur, le tribunal lira un texte de Christophe Bonneuil, cité comme grand témoin, qui documente cette mise à sac du monde. À l’intérieur aussi, Mathieu Rigouste, chercheur en sciences sociales, a témoigné de la nécessaire et historique conflictualité des luttes. À l’intérieur les 4 inculpé.e.s ont développé leurs motivations éthiques pour s’opposer au transformateur de Saint-Victor et Melvieu. Maître Gallon en a exprimé la sincérité et montré une enquête délibérément à charge, impartiale et inexacte. À l’intérieur enfin, la Procureure a requis 8 mois de prison avec sursis, 5 ans d’interdiction de parution sur le territoire de la Commune de Saint-Victor et Melvieu et les parties civiles ont demandé le versement de dommages et intérêts conséquents : 21 000 euros pour RTE et 3000 euros au total pour les gendarmes.
Le tribunal a mis l’affaire en délibéré au 8 juillet.
À l’intérieur de leurs intimes convictions, espérons que les juges entendront la rumeur et la clameur du monde qui se défait.