PROGRAMME DÉTAILLÉ DES INTERVENANTS À LA FÊTE DU VENT
Les tables rondes du samedi après-midi à l’amassada
15h00 – Comprendre le projet d’implantation d’une Zone Industrielle de l’Électricité dans notre région et le combattre
– Par l’Amassada (R. Citton ne pouvant malheureusement pas être des nôtres ce samedi)
Des éoliennes industrielles jusqu’au transformateur de St Victor en passant par les lignes THT, les transformateurs annexes et les crédits carbone, nous parcourrons les méandres tortueux de cette zone industrielle de l’électricité que RTE et les promoteurs nous promettent comme nouveau cadre de vie. Un voyage panoramique dans lequel nous chercherons les pistes permettant de lutter et de vaincre. Il sera question des prochaines échéances, des résistances à venir depuis ce territoire qu’il nous plaît d’habiter et que nous ne devons sous aucun prétexte, aussi vert soit-il, laisser saccager.
16h00 – L’impact des éoliennes industrielles sur les oiseaux
– Par Fleur Daugey, éthologue et auteure.
Cette conférence s’attaquera d’abord aux idées préconçues qui considèrent les éoliennes industrielles comme une solution écologique aux problèmes de l’énergie. L’intervenante développera ensuite plus particulièrement l’impact de ces structures sur les populations d’oiseaux.
16h00 – Comprendre et se protéger des compteurs Linky
– par Fred B. du collectif « Cours-y vite il va filer ».
Ces nouveaux compteurs électriques communicants transmettent par voie d’ondes les index de consommation (eau, gaz, électricité) directement au centre de gestion. L’obligation du compteur d’électricité Linky en France a été inscrite dans les lois de la République à l’été 2015. Cet automne, 3 millions de ces compteurs seraient installés. En 2020, Linky serait en place pour les 35 millions d’abonnés d’EDF. Ces compteurs rendraient possible un contrôle généralisé sous prétexte de gestion efficace des productions électriques « renouvelables ».
17h30 – Énergie et économie
– Jacques Fradin, mathématicien et économiste.
Le collapsus écologique, le climat au bord de l’infarctus, tels sont les effets de 200 ans de productivisme. Effets de l’économie triomphante, de l’ordre économique légitimé par la croissance et la consommation. Effets de la consumation accélérée des combustibles fossiles, de la dilapidation qui permet la richesse versée (inégalement) par l’illusoire corne d’abondance économique. Le ravage, aussi bien humain qu’écologique, que génère l’économie, surtout « verdie » ou organisant « la transition » vers la décarbonation et l’économie économe, ce ravage ne peut cesser qu’en abandonnant l’ordre politique de l’économie.
17h30 – La ferme des 1000 vaches
– Par Christian Roqueirol éleveur ovin sur les causses du Larzac, et militant à la Confédération Paysanne.
« Je suis de ceux qui ont démonté en juin une des pièces de la machine à traire. C’est une énorme machine ronde qui peut traire 50 vaches à la fois, qu’on appelle rotolactor ». La ferme des mille vaches est une ferme industrielle construite près d’Abbeville, dans la Somme, en Picardie. Elle est conçue pour abriter 1 000 vaches laitières leurs suivantes (soit 1 750 animaux au total) et une unité de méthanisation de 1,3 mégawatts. Car plus qu’une usine à lait, le but principal de ce complexe industriel est la production d’électricité à partir du méthane rejeté par les effluents animaux.
Les lectures du dimanche
10h30 place de l’église de St Victor
Marie Rouanet
– Habitante de Camarès, auteure, compositrice et chanteuse occitane.
Elle viendra semer des mots-vents, des mots-luttes dans les rues du village. On ne la présente plus en Aveyron, on lui laisse la parole : « Les racines c’est de s’atteler à vivre là où on est, en prenant le lieu où l’on se trouve à bras le corps. Dans ce désir de vivre une réalité et non de l’inventer, j’ai pris pied ici, dans un pays sans vignes et sans mer. J’ai fait sa connaissance. Toute connaissance exige du temps. Il n’est jamais perdu. Je l’ai fréquenté en toutes saisons. J’ai puisé dans ses trésors. J’en aime la beauté, les prés, les emblavures déployés jusqu’à l’horizon, j’en aime le silence et la solitude. Mais j’aime « en vérité », mesurant sa réalité de modernité, sa charge d’Histoire, ses hommes et leurs drames, leurs joies, la chronique et pas la plus drôle ni la plus gaie. Des cœurs, des destins, des déchirures, des enthousiasmes. Comme partout. Ce qui est autour de moi me renseigne sur le reste du monde… si je sais bien regarder. »
Jean-Pierre Cazot
– De sa Provence natale jusqu’au journalisme de terrain (Kurdistan, Pays Maya, Pays du Sahel…), Jean-Pierre Cazot a toujours senti le besoin de lier ses attachements au Pays (participation à la lutte du Larzac), avec la route, parfois sinueuse, partagée avec les minorités culturelles et avec la « poésie » qui peut en sortir, à mi-chemin entre les herbes utiles et les herbes sauvages…
De la Cardabelle du Larzac, chardon de liberté, qui se raconte en Oc et en français, à la Chanson pour la Rivière Sorgue où René Char parle de vie et de Résistance aux enfants de son pays, des Chemins du Vent de Lanza del Vasto, à un conte malin et irrespectueux de la tradition populaire, juste quelques partages de paroles, de rêves, et de réalités…
Chacun a son mot à dire…
et Gardarem lo Païs.
PRÉSENTATION DE LA LUTTE NO-TAV ET GRANDE ASSEMBLÉE
14H00 DIMANCHE À L’AMMASSADA
« Construire la solidarité entre les luttes territoriales »
– En présence d’une délégation du mouvement No TAV
Alors que le maillage tissé par l’aménagement du territoire se veut toujours plus dense, visant à rendre les lieux qu’il cible toujours plus capitalisables et contrôlables, il est des habitants qui lui opposent un non ferme et sans appel. Ainsi du bocage de Notre-Dame-des-Landes et de la vallée italienne de Susa qui luttent depuis des décennies contre des infrastructures à grande vitesse, aéroport international pour l’un, TGV Lyon-Turin pour l’autre. L’opiniâtreté de leur refus, autant que l’ampleur que ces luttes ont acquise, ont fait mentir toutes les prévisions du pouvoir. À tel point qu’elles redessinent aujourd’hui avec leur propre plume l’avenir de leurs territoires.
Au cœur des 2000 ha de la ZAD, s’ouvre une « zone de non droit » qui tend à se soustraite aux contrôles administratif, économique et policier, et où s’expérimentent des formes de vie proches de ce que pourrait être une commune ou une zone autonome. Les autorités ne dictent plus leurs plans d’aménagement et habiter y prend par là-même des formes tout autres, celles-ci évoluant au gré des besoins ou des envies, s’extirpant peu à peu de l’architecture pacificatrice des villes comme de la rentabilité touristique ou agricole des campagnes.
Dans la vallée alpine de Susa résonne un mouvement qui ne souffre aucune négociation : « No TAV ». Ses drapeaux flottent dans chaque village, il réunit à ses heures des dizaines de milliers de manifestants tout en assumant des attaques répétées d’un chantier ou le sabotage des machines qui tentent de défigurer la vallée. On y parle sans flagornerie d’un peuple, peuple en révolte qui prend tour à tour la figure du barbier de Bussoleno, d’un antagoniste de Turin, du poissonnier de Villardora ou d’une grand mère catholique de Condove.
La ZAD et le mouvement No TAV incarnent, chacun avec son propre style, des manières inédites de tenir inséparées la vie et la lutte, qui ont bouleversé la pensée et l’agir politique de leurs pays respectifs. En France, depuis 2012, d’autres projets d’aménagement ont trouvé face à eux une détermination dont la lutte de Notre-Dame-des-Landes avait donné l’élan. En Italie, le « mouvement du No » se répand jusqu’en Sicile : le No MUOS contre les antennes militaires, le No PONTE à Messine, et d’autres No TAV au Terzo Valico ou dans le Trentin.
Nous proposons une assemblée des luttes territoriales à l’Amassada afin que l’expérience circule simultanément aux slogans et à l’enthousiasme, pour donner chair aux velléités de résistance.
Pourquoi la fête du vent ? Car depuis quelques années des promoteurs sans scrupules rôdent dans nos venteuses contrées rouergates. Ces bonimenteurs cherchent par tous les moyens à nous faire avaler jusqu’à la lie leurs milliers d’éoliennes industrielles, seule valorisation possible selon eux de cette intarissable énergie qu’est le vent.
À l’inverse, les habitants de ce territoire ont de tout temps tissé avec ce souffle et l’ensemble des éléments un savant mélange de connaissances, de savoir-faire et d’imaginaires. C’est ce riche héritage et ces nombreux prolongements que nous allons faire vivre et célébrer en cette fin d’été 2015.
Car un territoire ne se défend que depuis la richesse des manières dont on l’habite.
Nombreuses autres surprises durant tout le week-end. Venez nombreux, faites circuler l’information !