Les réactions des forces de police durant la manifestation du 21 janvier 2017 ont choqué de nombreuses personnes qui ont tenu à nous faire part de leurs témoignages, que nous vous proposons ci-dessous.
Un témoignage de Michèle, présente à la manifestation, lors de l’émission de France Inter « le téléphone sonne » sur les violences policières, ici et à 27’50.
« … je ne pense pas être passionné (je suis même d’habitude assez modéré !!), je relate simplement ce que j’ai vu depuis l’endroit où j’étais, c’est-à-dire non pas le premier cercle immédiatement autour de la porte de la préfecture, mais plutôt le second où je tenais une banderole (mais comme je suis « grand », j’ai une assez bonne vue plongeante !). Je n’ai pas une grande expérience des manifestations ou de l’attitude des forces de police face aux manifestations en général, et je ne sais pas si c’est leur façon habituelle de fonctionner… », manifestant présent le 21 janvier
» … Je peux seulement dire que cela m’a choqué, en tant que citoyen lamda, car j’ai trouvé l’épisode avec les gaz lacrymogènes tout à fait exagéré. Je peux comprendre l’anxiété ou la fébrilité de la police face à ce type de manifestation qui peut présenter le risque de dégénérer. Mais je me dis aussi que c’est leur métier et qu’il sont formés pour réagir comme il convient face aux événements. A moins que tout ceci soit calculé et que les ordres viennent de plus haut dans leur hiérarchie.
Ici, je reste persuadé que la réaction était : 1. tout à fait prématurée et 2. exagérée […] A ce stade, je n’ai pas vu d’agitation. Ce n’est qu’après les gaz, qu’il y a eu de l’agitation / du mouvement devant la porte avec les policiers. […] je suis loin d’être un « révolutionnaire », mais cela m’a heurté en tant que citoyen. De ce point de vue, c’est aussi une expérience intéressante ; cela fait réfléchir… », manifestant présent le 21 janvier
« … cinq policiers, et non pas deux, attendaient, prêts à bondir : j’ai pu les compter car j’étais dans l’axe, visiblement ils attendaient juste une mini-provocation pour bondir… « , manifestant(e) présent(e) le 21 janvier
» J‘étais sur la place de la préfecture ce samedi après midi(21/1/17), au milieu de nombreuses personnes , les gens se parlaient, regardaient , c’était très tranquille, joyeux . Subitement il y a eu ces gaz lacrymogènes piquants, insupportables, mon voisin a suffoqué, toussé : il a reculé, tout le monde reculait d’ailleurs. Cela n’a pas suffi, mon voisin est parti quelques rues plus loin, je l’ai accompagné, car il étouffait. Manifester en famille pour protéger des espaces de vie en France signifie maintenant qu’on sera gazé ? au moins à Rodez ? La police nous a mis en danger, elle a créé le danger, alors que la situation était tranquille ; Je ne sais pas comment protester contre cette situation, mais si je ne proteste pas, c’est que j’accepte cette situation… », manifestant(e) présent(e) le 21 janvier
« J’étais parmi les manifestant.e.s à Rodez le 21 janvier 2017, j’ai comme d’autres vidé mon sac (de foin) devant la préfecture, en guise de protestation symbolique contre la colonisation et le saccage programmé des espaces naturels et ruraux (sous couvert d’écologie), pour signifier notre attachement à nos territoires, la nature n’étant pas un poster, mais un milieu de vie, il faut
peut-être le rappeler… J’ai en effet à un moment vu passer sur le visage d’un policier posté
devant la porte un air de panique, j’ai vite regardé autour de moi, prête à décamper en cas de violence d’où qu’elle vienne, il ne se passait rien de tel. Juste quelques autres qui versaient qui des feuilles, qui des algues, qui quelques branches… j’ai vu des enfants qui finissaient de ramasser des bonbons, et tout à coup, la porte de la préfecture s’ouvrir derrière les policiers eux-mêmes surpris, une silhouette de policier casqué (dit « robocop ») qui sortait un bras
armé d’un pulvérisateur et qui, sans sommation, commençait à nous arroser avant même de finir de sortir. Après je n’ai plus rien vu, étouffant sous les gaz, la gorge brûlante, les yeux fermés, je me suis éloignée le plus possible, sans pouvoir faire vite pour ne pas tomber. Au bas de la place, nous nous sommes retrouvés avec un voisin et son fils de 10 ou 11 ans, pleurant les gaz lui aussi , et complètement secoué par ce qu’il venait de subir, et qu’il ne pouvait , encore moins que nous, comprendre. Je suis prête à en témoigner : Il n’y a eu strictement aucune violence ni menace préalable à cette attaque policière. L’arrestation de l’un d’entre nous, en catimini, après la manifestation, n’est à mes yeux qu’un complément de mise en scène pour criminaliser toute expression publique. Ces deux épisodes ont été ordonnés, par qui ?? C’est plutôt de ce côté là qu’il faudrait une instruction.Pour abus de pouvoir et mise en danger d’autrui. Ce sont nos liens au monde les plus précieux qu’on veut briser. M.M
PS: Je conseille à tout le monde d’aller voir les manifestations organisées par les lobbies de l’agro industrie, quand ils font déverser des tombereaux de fumier, ou allumer des feux en plein centre de grandes villes, entièrement bloquées pour qu’ils puissent défiler, pour comprendre au service de qui se trouvent les responsables de l’ordre. » Manifestante présente le 21 janvier
« ... Je me tenais à droite de la porte de la préfecture et je je n’ai jamais vu de policier à terre , ni 3 policiers qui auraient été blessés. Le policier le plus à droite a par contre reçu des gaz lacrimo d’un de ses collègues casqué qui a surgi de derrière la porte et avait les yeux rougis. Plus
tard ce policier, seul, longeait le cortège qui regagnait le foirail , le fait qu’il soit seul et qu’il marchait d’un pas vif m’a interloqué… » manifestant présent le 21 janvier